L’expression « casser la pipe » est très connue et souvent employée à l’attention des enfants casse-cou. Elle est encore utilisée de nos jours, mais connaissez-vous réellement son origine ?
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Des racines historiques
Au XIXe siècle, « casser la pipe » n’était pas vraiment une image. Datant des guerres napoléoniennes sous le Premier Empire, les pipes étaient certes utilisées pour fumer, mais également pour canaliser la douleur des blessés de guerre.
Les soldats subissant des opérations ou des amputations se voyaient introduire le tuyau d’une pipe dans la bouche, afin qu’ils puissent y planter les dents pour éviter de hurler de douleur. Il est bon de rappeler que toute intervention chirurgicale sur les champs de bataille à cette époque était rarement sous anesthésie…
De la morsure à la chute
Associée à la pipe entre les dents, les médecins administraient également des gorgées d’alcool. Celles-ci peinaient bien souvent à calmer les douleurs. Les médecins travaillaient tant bien que mal, avec les moyens du bord. Les pipes faisaient partie intégrante de la panoplie des chirurgiens sur les champs de bataille.
Les soldats les plus résistants enfonçaient leurs dents dans le tuyau et quelques heures plus tard, pouvaient rouvrir leurs yeux hagards. Les plus sévèrement touchés succombaient malheureusement à leurs blessures. Et à ce moment précis, la pipe glissait de leur mâchoire pour venir mourir à son tour au sol.
Casser la pipe signifie tout simplement mourir
La tête des pipes de l’époque était le plus souvent fabriquée en terre cuite ou en argile. Fragiles, le moindre choc ou heurt les brisaient. Alors lorsque le soldat mourait durant une opération et que sa pipe glissait de sa bouche, celle-ci se cassait en heurtant le sol.
L’expression « casser la pipe » était donc littéralement associée à la mort. Au fil du temps, cet adage a quitté les champs de bataille pour s’introduire dans la vie quotidienne. Associée à la mort, elle a fini par prévenir les enfants d’une potentielle chute.
Autre signification chez les marins
« Étant marin, nous en avons une autre signification, antérieure à celle présentée ».
Les pipes étaient en terre bien sûr et le marin en prenait grand soin. Elle était rangée dans une boite en bois souvent remplie par le tabac qui servait à amortir les chocs inévitables par gros temps.
Donc lorsqu’un marin décédait de mort naturelle ou violente, ses objets personnels étaient partagés ou conservés pour sa famille, exemption de sa pipe, objet oh combien personnel.
À l’époque personne n’aurait eu l’idée de fumer la pipe d’un mort, cela portait malheur et sur les bateaux on ne plaisantait pas avec ce type de superstition. La pipe était donc brisée en plusieurs morceaux et accompagnait le mort, d’où l’expression : casser sa pipe.
Cette explication n’a pas la prétention d’être la seule et unique, mais elle est une qui a cours dans la marine à voile.
Merci à Philippe pour ses éclaircissements.