Le Zippo est en vedette dès 1948 avec « Homecoming » (« Retour ») de Mervyn Leroy, curieusement entre les mains d’une femme, Lana Turner, partenaire de Clark Gable.
Donna Reed ( une femme encore !) lui succède cinq ans plus tard (« Tant qu’il y aura des hommes » de Fred Zinneman-1953-Evocation de Pearl Harbour) puis le Zippo retourne dans les poches plus viriles des Marines lors de la bataille de Saïpan illustrée par « Le cri de la victoire » et signée Raoul Walsh (1954), dans celles de Lee Marvin à l’occasion de l’ »Attaque » mise en scène par Robert Aldrich ou d’Errol Flynn vivant intensément ses « Aventures en Birmanie ».
La décennie suivante met toujours l’honneur la création made in Bradford à travers, par exemple, deux oeuvres françaises de Jean-Pierre Melville et George Lautner : »Le cercle rouge » (1970) et « La valise » (1973), accentuant le « look » américain des protagonistes.
Depuis, le Zippo a tendance à n’apparaître qu’aux côtés de vrais baroudeurs, pour la bonne cause…Ainsi Lambert Wilson allume-t-il un festival de dynamite « Bleu comme l’enfer » qui lui permet d’éliminer Tchéky Karyo, et Bruce Willis peut, grâce au Zippo, s’éclairer et progresser dans les tuyauteries d’aération d’un gratte-ciel en flammes afin d’y déclencher le système anti-incendie qui évitera au « Piège de Cristal » de se refermer sur lui. Le Zippo est également le détonateur de la fin « explosive » de « Terminator » avec Arnold Schwarzenegger et de celle, tout aussi spectaculaire de l’avion des pirates dont le réservoir en feu ne leur laissema même plus « 58 minutes pour vivre ».
Enfin, sous les caméras de Steven Spielberg, il sauvera encore père et fil ( Sean Connery, Harrison Ford), permettant au premier de brûler les liens qui les retiennent prisonniers grâce au briquet pris dans la poche du second (« Indiana Jones et la dernière croisade »). Derniers clins d’œil cinématographiques du Zippo, le modèle de Michaël Douglas, estampillé de l’insigne miniaturisé de la police New-Yorkaise, « C385 », avec lequel l’acteur brûle un billet de 100$ sous l’œil médusé de son partenaire japonais (« Black rain ») et, pour finir, l’image d’Eddy Murphy, triomphant et hilare, tenant sur le brancard où il est allongé, le Zippo qu’il a enfin réussi à dérober à Nick Nolte, dans « 48 heures de plus ».
Citons encore les zippo de Paul Burke, détective privé face à Steve Mc Queen dans « L’arraire Thomas Crown » de Mickey Rourke, « L’Irlandais » alias « Johny belle gueule » de Wilhem Dafoe (« Sailor et Lula ») de Power Boothe enfin, face à Nick Nolte dans « Extrême préjudice ».
Une telle filmographie permet de mesurer l’ampleur de l’impact du Zippo dont la présence camperait presque à elle seule, la personnalité du héros. Les ateliers de Bradford, conscients de ce vedettariat, ont eux-mêmes projeté le septième art sur leur produit. Dès 1965, un briquet spécial en cuivre embouti, rendait hommage en relief au « Lord Jim » de Richard Brooks. Suivront les modèles « Miami Vice » ( « deux flics à Miami ») « Mystery Train » film de Jim Jarmush sans oublier, dans la série « American Classics », le Zippo à l’effugue d’Humphrey Boggart.
A signaler également d’autres thèmes à connotation plus jeune ou humoristique mettant en scène, entre 1981 et 1989, les personnages de Walt Disney, de Dysneyland à Dysneyworld et pour finir, un modèle, version 1989, orné d’une caméra et d’un clap sur lequel on lit:« Hollywood Studio:scène 6, prise 4 ».
Laissons, pour conclure, la parole au metteur en scène Sydney Pollack, qui venu à Paris pour la sortie de son nouveau film « Havana »n fait l’apologie du Zippo, en soulignant que le Zippo est un des éléments clef de la culture américaine, une de ses réussites. C’est le meilleur briquet du monde. Il est robuste, tactilement doux, presque voluptueux. Son poids est parfait. Dans la continuité de mon film « Havana », il contribue à la définition du personnage incarné par Robert Redford.
Le confort, l’élégance du Zippo correspondent, répondent à ceux des bottes de cow-boy, pratiques à la campagne et ne dépareillant pas l’élégance d’une soirée habillée. Le Zippo pourrait n’être que pratique, il est aussi décoratif. Sa beauté réside dans la façon parfaite dont il répond à sa fonction et la dépasse.
Ayant captivé le cinéma, le Zippo ne pouvait laisser, indifférents les créateurs de littérature d’expression graphique. Les artiste de l’âge d’or de la bande dessinée ont donc suivi le mouvement, à l’image d’Alex Raymond, l’un des plus grands en ce domaine et qui place le légendaire briquet dans l’univers de ses deux « strips » classiques : « Jim la jungle » et « Rip Kirly ».
Le Zippo poursuit alors sa brillante carrière dans la B.D. policière, des aventures de « L’agent secret X9 » croqué par Robert Storm sur une idée de Mel Grafe à « Mike Hammer » créé en 1953 par Ed. Robbins. Il ressurgit également en 1970 entre les mains de « Johny Hazard » dans « Johny le journal de l’âge d’or », de Frank Robbins et plus généralement dans les albums des éditions Dupuis entre les mains de « BuckDanny », « Pilote d’essai » accomplissant une mission « Top secret » dans le « Ciel de Corée » sous les crayons de Victor Hubinon sur des scenarii de Jean Michel Charlier.
Tout comme au cinéma, il va également s’imposer dans des « Comics » inspirés par les conflits de Corée et du Vièt-Nam. Pour ce dernier, l’aventure commence avec « Tales of the green Berets » illustrée par Joe Kubert d’après le livre de Robin Moore et se poursuit par de nombreuses autres séries telle « The Nam » (Marvel) dont le numéro un sortit en décembre 1986.
Le Zippo est encore au premier plan des images de « Vietnam journal » (Apple Comics) ou de « Steve Canyon » de Milton Caniff, concernant cette fois la guerre de Corée.
Le must en la matière est toutefois constitué par l’apparition d’un héros à part entière tout droit sorti, en 1943 de l’imagination de Tony Di Preta. Ce personnage d « Hillmann Periodicals clue Comic » dont la cagoule comporte une molette en guise de crète, justicier masqué tout comme « The flash », « Captain América » ou « The Fighting Yank » se nomme en toute simplicité « Zippo ».
Parmi les signes distinctifs de ce super héros, deux autres molettes, qui à ses chevilles, remplacent les ailes de Mercure et, bien évidemment transféré sur la poitrine de son collant, un Z géant non pour Zorro mais bien pour « Zippo », qui vécut entre janvier 1943 et Mai 1947, le temps de quinze numéros.
Simultanément, Otto Soglow, père du « Petit roi », met en scène un récit à la gloire du Zippo, sur fond de base-ball, dans le magazine Collier’s.
Quelques six ans plus tard, Sam Cobean le consacre à son tour dans les colonnes du même Collier’s par le biais d’une véritable planche de publicité sous forme de bande dessinée.
Ultimes hommages, après s’être immiscé dans les milieux du cinéma et de la bande dessinée, le Zippo s’attaque à la presse quotidienne et se présente le 14 janvier 1987, entre les mains d’un Ronald Reagan parodiant de l Don Johnson de «Miami Vice » dans les pages de l’International Herald Tribune.
Clin d’œil cette fois et échange de politesse lors de l’hommage également rendu par le Zippo à la bande dessinée avec l’apparition, sur un briquet de 1950 de la silhouette d’un navire de guerre, l « USS des moines –CA 134- comportant en surimpression, dans la plus pure tradition des pin’up pour soldats, les personnages de Daisy Mae, la fiancée court vétue et au décolleté généreux de « Li’I Abner », B.D. signée Al Capp.
Dernière conquête enfin, son entrée très remarquée dans l’univers des jeux vidéo grâce à une création de City Vidéo
Productions ; « The what now copper » (1990).